L'incertitude aux temps de la COVID-19

 
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Il y a des journées qui sont moins évidentes que d’autres, on le sait. Comme nombreux d’entre nous, il y a souvent des journées où je pleure d’anxiété, devant l’incertitude des choses et la précarité dans laquelle cet inconnu nous place.

Il m’arrive de penser tour à tour à des ami.e.s, des ami.e.s artistes, artisan.e.s, designers, pigistes, et il m’arrive de m’en faire, à force de témoigner de nos petits yeux gonflés et inquiets d’un côté et de l’autre de nos écrans, à force des projets enlevés et des énergies qu’on ne sait plus trop où investir. On avance dans l’ombre, un peu à tâtons, en ne sachant pas ce qui nous attend, avec comme seule lueur la confiance (aveugle) que ça va bien aller, que les mesures en place contribuent au bien commun et que la situation est temporaire.

Dans ce vide étrange, on se trouve forcés de ralentir, de revenir à nous-mêmes, à nos besoins profonds, à nos envies, à nos goûts, à nos contradictions. On se demande comment occuper le temps, ce temps suspendu qui devient de plus en plus abstrait, qui nous oblige à redéfinir les codes de notre quotidien et le sens qu’on lui donne. C’est un apprentissage solitaire que nous sommes forcés de faire actuellement, au fil duquel nous cheminons personnellement et collectivement.

À travers tout ça, je me suis aussi surprise à me considérer d’une certaine manière plutôt chanceuse d’être artisane, parce que malgré la précarité, malgré le confinement et les contraintes qui l’accompagnent, j’ai encore et toujours la possibilité de m’investir dans ce que je préfère: jouer à l’atelier. L’apaisement que je parviens à trouver dans ce grand tumulte, c’est de continuer à entretenir des projets de création qui me permettent de garder le cap et d’avancer dans une direction, aussi incertaine soit-elle. C’est d’accepter d’avancer plus lentement.

Au fil des journées qui s’enchaînent et de la quarantaine qui s’établit dans le périmètre de nos maisons, dans un rythme qui se loge peu à peu à l’abris du calendrier et des échéances, s’est toutefois aussi installé une certaine monotonie. J’ai redécouvert un sentiment que je n’avais pas expérimenté depuis longtemps: l’ennui. Au rythme auquel j’ai l’habitude de m’enfiler mes journées c’est assez rare que l’ennui ait le moindre espace pour se pointer. Parmi les récents apprentissages que j’ai fais cette semaine, c’est pourtant l’importance de l’ennui. Aussi inconfortable soit-il à endurer, au-delà de l’ennui, se trouve la créativité. Et lorsqu'on parvient à tolérer et qu’on arrive à surpasser le sentiment d’ennui, alors c’est là que de nouvelles idées trouvent la possibilité d’émerger.

C’est ce que j’ai senti remonter doucement alors que s’amorçait ma deuxième semaine de confinement.